Constat
La Gendarmerie rassemble un nombre de métiers impressionnants, certains d’entre eux étant rassemblés au sein d’une filière “Systèmes d’Information et de Communicaiton” (SIC). Ils ont la charge de mettre en œuvre et de suivre le matériel informatique, radio, et plus globalement tout ce qui touche au numérique.
Afin de disposer d’un outil unique pour réaliser leurs tâches, une communauté s’est constituée pour concevoir, développer et tester un produit sur-mesure.
Problématique
Dans la mesure où il s’agissait de “shadow IT”, il n’était pas possible de disposer d’une infrastructure centralisée et de développeurs affectés en administration centrale. De multiples instances locales ont vu le jour; l’ensemble du territoire a pu être couvert, en métropole aussi bien qu’en outre-mer, ce qui nécessitait un certain effort lors des mises à jours et permettait localement certaines modifications exotiques complexifiant encore davantage la tâche de maintien en condition opérationnelle.
Les développeurs du projet n’ayant pas été formés selon les canons industriels, la maintenabilité était fragilisée, sachant que les personnes (volontaires et consacrant un temps personnel sans aucun retour) ne pouvaient pas assurer une disponibilité constante.
Solution
La communauté m’a intégré afin d’apporter mon expérience au projet et lui assurer un avenir pérenne pour que l’ensemble des utilisateurs puisse disposer d’un outil fiable.
Il a donc été décidé de centraliser l’application, d’industrialiser les processus, tout en cherchant à maximiser la ressource disponible pour faire avancer le projet.
Mise en oeuvre
Il a fallu déterminer une stratégie de migration pour que l’ensemble des utilisateurs des applications locales basculent vers la nouvelle application centralisée, ce qui a impliqué bon nombre d’arbitrages.
Un recrutement a été réalisé qui a permis d’intégrer de nouveaux gendarmes ainsi que des prestataires externes.
Le code a fait l’objet de refactorisation et les processus ont été revus pour donner un cadre au projet.
Mon rôle
J’ai apporté mon expérience pour guider l’équipe dans la voie de l’industrialisation, élaboré des architectures, assuré le suivi des travaux, orienté les solutions techniques et fonctionnelles.
Mêmbre de la communauté, j’ai aidé les analystes à formuler le besoin fonctionnel en inculquant certaines notions (UML, Agile, CI/CD, ABAC, etc.)
Fort de mon expérience acquise dans d’autres projets, j’ai indiqué les bonnes pratiques et accompagné mes camarades dans leur mise en œuvre.
Difficultés
Solaris est une application certes accessible à l’ensemble des militaires de la gendarmerie, mais dont le cœur de métier est intimement lié aux SOLC. Même si leur domaine m’intéresse fortement, toute la culture métier m’était étrangère. Cette difficulté a été rapidement surmontée grâce aux membres de la communauté qui m’ont très bien accueilli.
Une autre difficulté était l’état du code à mon arrivée. Il n’est pas question ici de remettre en cause l’excellent travail qui avait été fait, puisque l’application fonctionnait et permettait à l’ensemble de la Gendarmerie d’être opérationnel (il est ici question de gérer l’ensemble de tout le matériel numérique), mais le choix de la pile technique datait un peu et les bonnes pratiques de développement auxquelles j’étais habituées n’étaient pas respectées: dès qu’une fonctionnalité était ajoutée au code, elle l’était sans forcément prêter attention aux effets de bord, induisant des régressions difficiles à diagnostiquer.
Le travail avec un prestataire externe était également inédit. En effet, un prestataire a l’habitude d’un cadre de travail assez précis, que ce soit un “cycle en V” certes archaïque mais contractualisable ou alors une méthode agile correctement appliquée. Plusieurs développeurs se sont cassés les dents en n’ayant pas été préparé au travail en lien avec la communauté, qui est un cadre de travail particulier pour lequel tout le monde n’est pas doté de l’esprit collaboratif requis.
Les autres contraintes étant des inhérentes au retard technologique institutionnel (malgré la bonne volonté d’excellents camarades), il a fallu trouver des ruses pour avancer de manière nominale sans les outils et les processus qui existent pourtant dans le civil depuis de nombreuses années.
Enrichissements
Le travail en communauté est une réelle bouffée d’air frais. Certains membres sont devenus des amis et collaborer avec des passionnés est toujours un plaisir. La sensation de construire quelque chose collectivement au profit d’une cause qui nous dépasse est très épanouissant.
J’ai pu découvrir au gré des intéractions avec différents camarades le mode de fonctionnement de l’ANFSI après sa réorganisation suite à la transformation du ST(SI)².