Constat
La période de 2017-2020 était assez complexe sur le territoire de Nouvelle-Calédonie, en partie en raison des différentes élections et des référendums d’autodétermination. La Gendarmerie avait la charge de gérer les différentes procurations liées à ces scrutins.
Problématique
La Nouvelle-Calédonie a ceci de particulier que trois corps électoraux différents sont formés, selon le type de scrutin, ce qui complexifie d’autant la gestion des procurations. Le territoire est étendu avec des zones tribales et des zones urbaines/périurbaines fortement peuplées, avec une population très attachée à son droit de vote, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir du territoire. Les différents scrutins étaients très sensibles et il ne fallait pas que la Gendarmerie commette d’impair vis-à-vis de la gestion des procurations, auquel cas l’État aurait été la cible d’accusations diverses.
La diaspora calédonienne et les activités des fins de semaines (et donc le jour du scrutin) font que beaucoup de votants étaient désireux d’établir des procurations. Certaines personnes maîtrisaient mal la langue française et son non moins complexe système administratif. La gestion des procurations s’annnçait donc chronophage, avec des unités dans la zone urbaine/périurbaine qui allaient être lourdement handicapées de leur capacité opérationnelle.
Le niveau en informatique était plutôt faible sur le “Caillou”, il fallait une ergonomie la plus simple possible.
Solution
Afin de minimiser le temps consacré à l’établissement de procuration, un système visant à automatiser le plus de tâches a permis de consacrer un minimum de temps à cette tâche administrative tout en assurant un service jusqu’à la dernière minute.
Il s’agissait de préparer des imprimantes et des ordinateurs sur lesquelles une application développée pour l’occasion était installée. celle-ci devait être le plus ergonomique possible afin d’écouler le flux le plus rapidement possible, avec des ordinateurs à disposition du public et une aide et un contrôle de la part des militaires chargés des procurations.
Mise en oeuvre
J’ai tout d’abord développé l’application, en cherchant parallèlement à acquérir des ordinateurs grâce aux contacts entretenus avec les élus.
La SOLC locale a été d’une grande aide pour la fourniture d’imprimantes, ce qui m’a permis de disposer d’un lot de base, que j’ai pu tester sur un échantillon, bien en amont de la vague de procuration, pour procéder aux derniers ajustements et produire plusieurs lots à distribuer dans les unités que j’avais déterminées comme cruciales pour la manœuvre opérationnelle.
Des lots ordinateur + imprimante ont été mis à disposition du public à l’accueil, avec un militaire en charge de valider les documents produits, faisant gagner un temps précieux à tout le monde et rapprochant la Gendarmerie du public.
Mon rôle
J’ai analysé le handicap opérationnel en lequel consistait la gestion des procurations, puis conçu un plan pour alléger au maximum les unités qui étaient le plus concernées, pour ensuite le déployer.
Difficultés
Le budget étant ce qu’il était, il n’était pas possible d’acheter du matériel dernier cri. J’ai donc fait le choix d’utiliser des ordinateurs réformés, ou qui ne disposaient pas en tout cas de caractéristiques extraordinaires. Il n’était donc pas possible d’installer des distributions de Linux récentes et performantes, j’ai donc dû me rabattre sur Linux Mint. Qui dit Linux Mint dit peu de compatibilité avec certaines librairies, il a donc fallu analyser les dépendances et rédiger des scripts d’installation et une documentation précise.
Le réseau de Nouvelle-Calédonie n’est pas non plus optimal. De plus, je voulais minimiser la surface d’exposition d’attaque cyber, j’ai donc fait le choix de concevoir une application hors-ligne. Il a donc fallu gérer des scripts de synchronisation des données externes, notamment les communes.
Enrichissements
Le travail en mode dégradé était extrêmement intéressant: peu de matériel, peu de réseau, une contrainte opérationnelle forte, des temps de conception contraints… tout ça m’a permis de développer un esprit d’innovation opérationnelle dans l’urgence dont je me sers encore aujourd’hui très régulièrement.
Concevoir un système d’information hybride à destination du public et des gendarmes était également un défi passionnant, et assez inédit pour l’institution.