Constat
En Gendarmerie, de nombreuses opérations sont réalisées tous les jours afin de contribuer à la sécurité de la population, que ce soit des opérations judiciaires, de sécurisation, de prévention, etc. Ces opérations sont réalisées à l’initiative de tous les échelons, et peuvent être divisées en opérations “filles” pour les unités subordonnées.
Ces opérations peuvent émaner d’une autorité hiérarchique supérieure, voir ministérielle, cette autorité pouvant demander des éléments relatifs à l’exécution des missions, typiquement un compte-rendu de résultat, pouvant ou non correspondre à un format particulier.
Les exécutants doivent accéder à l’ordre initial ainsi qu’à tous les documents leur permettant de réaliser correctement la mission. Ils doivent également faire remonter au plus vite et de la manière la plus fidèle le compte-rendu et les résultats afférant.
Problématique
Les mouvements RH ou les alternances de permanences entraînent une certaine volatilité au sein des différents échelons de responsabilité, ce qui rend compliqué le partage des informations: un subordonné enverra à un chef une ordre initial relatif à une opération, mais quand ce chef est absent, comment ses camarades peuvent accéder à l’information? Comment peuvent-ils même être au fait de l’existence de l’opération? Lorsqu’un militaire est remplacé par un autre suite à un changement d’affectation, comment le nouvel arrivant peut accéder à l’historique des opérations?
Depuis quelques années, la Gendarmerie fait partie du Ministère de l’Intérieur, souvent surnommé le “ministère de l’urgence”, eu égard à la réactivité dont il faut faire preuve vis-à-vis des faits qui peuvent défrayer la chronique. C’est ainsi que de nombreux résultats sont demandés, dans des délais parfois impossibles à assurer. Comment créer, transmettre et remplir des gabarits toujours plus divers et nombreux? Comment focaliser les militaires sur la mission en elle-même sans que le fait de devoir rendre compte constitue une charge mentale?
Solution
Il a été développé une application web reposant sur des briques institutionnelles, notamment pour ce qui relève de l’authentification et de la liste des unités. La conception de modules de confidentialité ont permis de dresser un périmètre de visibilité autour de chaque donnée.
Cette solution a été développée localement mais pensée dès le début pour une intégration globale de l’ensemble des unités intéressées, bien au-delà du département. L’ergonomie a été élaborée afin d’obtenir un résultat adaptée aux utilisations du bureau et en mobilité sur le terrain.
Mise en oeuvre
Le premier périmètre de l’application était le simple “dépôt” des ordres initiaux au sein du département de la Gironde, à l’échelon compagnie. Les comptes-rendus sont venus par la suite, d’abord à l’échelon compagnie. Des QR code ont été inclus afin de permettre aux militaires exécutant la mission sur le terrain de remplir dès la fin de celle-ci un gabarit de compte-rendu paramétré par les différents échelons. Ainsi, l’échelon central et toutes les strates intermédiaires pouvaient dès lors bénéficier de résultats en temps réel.
Bien évidemment, qui dit hiérarchie dit “statistiques” et “extraction de donneés”. Ces modules sont venus compléter les fonctionnalités afin de disposer de l’ensemble des éléments sans avoir à perturber le fonctionnement des unités opérationnelles de terrain.
Mon rôle
J’ai conçu l’application, l’ai développé, et ait sélectionné un vivier de testeurs afin de corriger les anomalies qui m’avaient échappé et de recenser l’ensemble des fonctionnalités demandées par le terrain auxquelles je n’avais pas pensé initialement.
J’ai partagé ce travail avec mes collaborateurs afin d’améliorer le niveau de maturité de l’outil et de m’assurer qu’il couvrait le maximum d’usages, notamment dans le domaine de la police judiciaire.
Il s’agissait ensuite de présenter aux autorités supérieures l’intérêt d’un outil qui constituait par la même occasion un allègement des tâches pour les unités élémentaires.
Difficultés
La première difficulté consistait en l’intégration des outils institutionnels. L’interopérabilité est quasiment tout le temps proscrite, et de la rétro ingénierie est souvent nécessaire pour concevoir des choses profitables à tous.
L’autre difficulté était davantage fonctionnelle, puisque tout le monde n’était pas convaincu du fait qu’il faille simplifier le travail de tous. En effet, tandis que l’application était vue comme certains comme allant vers un allègement des tâches, d’autres y voyaient une menace sur l’utilité de leur poste.
Enrichissements
Le principal enrichissement, bien que l’on pouvait aisément s’y attendre, est qu’il existera toujours de la marge de progression pour alléger la charge administrative des unités opérationnelles afin qu’elles disposent du moins de contraintes pour se recentrer sur leur cœur de métier.
L’autre enrichissement est que quelque soit le degré de séniorité métier, partager son avis dans le cadre d’un travail collectif sera toujours source d’acquisition de connaissances.